12 Juin 2018

Mongolie, terre de contrastes

Pays et régions

Eric de Sèze nous parle de La Mongolie, pays en croissance par excellence, l’eldorado des gens courageux, travailleurs et volontaires qui n’auront comme limite pour réussir que celle de leur imagination...

Mongolie, terre de contrastes

La Mongolie est un pays dont nous ne connaissons rien ou presque, en Europe. Pourtant beaucoup de grandes sociétés mondiales y font des affaires. Eric de Sèze y a vécu et travaillé en tant que directeur pour Orano (ex-Areva). Il a accepté de partager son expérience et nous fait voyager aux confins de l'Asie.

La Mongolie, un pays hors norme

Avant d’y séjourner en poste, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs séjours en Mongolie. Ma première impression me vint d’une couleur, le marron. Il composait de façon étonnamment uniforme et homogène le paysage. A la fin de l’automne, l’herbe devenant rare, c’est la couleur de la terre qui ressort. Et le bleu aussi, celui d’un ciel pur où les avions paraissent à portée de flèche.

Grand comme trois fois la France, peuplée de 3 millions d’habitants et de cinquante millions de têtes de bétail, la Mongolie est un pays hors norme.

Par exemple, le cliché de la yourte est authentique : 40% de la population est nomade. Une yourte est facilement démontable et transportable à dos de chameau, elle retient la chaleur l’hiver, la fraicheur l’été et son intérieur représente un univers de culture et de traditions.

Oulan Bator, capitale où réside la majorité des expatriés, porte encore la marque urbanistique de la longue présence soviétique. Depuis, c’est plutôt l’absence d’urbanisme qui prédomine : le XXIème siècle côtoie des quartiers de yourtes.

On trouve en ville tous les produits internationaux. Les boutiques de luxe (Hermès, Dior, etc.) du centre-ville cohabitent avec les marchés de gros. McDonald’s a pignon sur rue et les restaurants chics se multiplient.

Mondialisation aidant, toute la population jeune est connectée. Les boîtes de nuit vous transportent à Londres ou à Paris sitôt la porte passée. Le cinéma coréen est omniprésent. L’opéra propose concerts et ballets pour des prix dérisoires. Cheval, golf, pêche, randonnées, chien de traineau et ski1 selon la saison : la nature à l’état pur, les paysages en prime.

1ère neige : début octobre. Dernière neige : fin mai. Soit pratiquement 8 mois d’hiver et 4 mois d’été, avec des intersaisons très courtes. Et il fait froid en Mongolie ! Mais il s’agit d’un froid sec, très supportable avec quelques techniques simples d’habillage (superposition de couches fines, façon pelures d’oignon et une bonne isolation des pieds par un choix judicieux de semelles). Malgré la rudesse de l’hiver (- 50°C à certains endroits, - 40°C de façon courante et – 25°C en ville), la vitesse à laquelle toute la végétation réapparait en l’espace d’un mois, en juin, étonne. Les prairies se recouvrent alors de tout le catalogue des herboristes les plus distingués et les edelweiss abondent dans certaines vallées.

La Mongolie fait aussi partie de ces pays où l’on se demande au saut du lit ce qui va vous arriver dans le courant de la journée ; c’est le pays de toutes les surprises, des bonnes, avec des dénouements plus rapides que vous ne l’auriez imaginé, ou des moins bonnes avec des embrouilles de bas fond. Si vous êtes patient, voire très patient, tout finit par arriver !

La langue mongole

L’écriture du mongol ancien est très belle et technique ; c’était l’écriture des élites. La colonisation soviétique, souhaitant une écriture simple pour diffuser sa propagande, introduisit l’alphabet cyrillique dans les années 1920. Parallèlement aux drames de la persécution soviétique, une alphabétisation généralisée de la population fut instaurée, atteignant aujourd’hui un taux de 98%.

La langue mongole, éloignée du chinois ou du russe, se décline en cyrillique dans la vie courante : il suffit d’apprendre l’alphabet (ce qui est facile) pour être capable de lire le mongol. Plus difficile est de savoir ce que l’on dit. Si se faire comprendre est relativement aisé car les Mongols sont très indulgents, comprendre en retour ce que l’on vous répond l’est beaucoup moins, et bien parler se révèle beaucoup plus technique, requérant de longues heures d’apprentissage.

Il est intéressant de noter l’excellente aptitude des Mongols à parler des langues étrangères, qui plus est sans accent. J’avais des collaboratrices que nous ne pouvions pas repérer au téléphone comme étant Mongoles, tellement elles maitrisaient le français, l’anglais ou l’allemand.

Des traditions qui perdurent

 

Les Mongols sont des gens simples, accueillants (tradition nomadique de la steppe) et gais (tout se termine par des chants).

Ils ne courent pas après les richesses matérielles et vivent heureux avec peu de besoins.

Les Mongols en environnement professionnel

Il est indispensable de bien intégrer la composante culturelle et les traditions pour gérer et faire progresser ses affaires. Tout est culture en Mongolie. Us et coutumes se retrouvent dans tous les aspects de la vie courante, y compris dans l’environnement professionnel avec ses propres employés.

S’entourer d’un senior adviser mongol, connu et reconnu parmi ses pairs, ouvre beaucoup de portes dans la sphère politique. Il contribue au décodage permanent indispensable pour se repérer, y compris dans les réseaux locaux (tel le guanxi chinois) qui régissent les relations entre décideurs.

Patience

Patience et pédagogie auprès de ses collaborateurs mongols produisent des résultats certains sur la jeune génération, d’autant plus qu’ils sont avides de connaissances, humbles et conscients de leur niveau d’apprentissage.

Écoute

Respect dans l’écoute et la prise de parole : chacun à son tour présente calmement ses arguments et points de vue, sans se couper la parole, même si les opinions divergent. C’est quand même plus pratique que nos foires d’empoigne à la française !

Prise de décision

Pas de nœud au cerveau, guidés par un bon sens viscéral et sans intellectualisation à outrance, les interlocuteurs mongols sont capables de prendre des décisions très rapidement et de passer à la mise en œuvre dans l’instant qui suit.

Le monde politique, par contre, se distingue autrement : les débats se pratiquent davantage pour l’art de débattre que pour décider, et la meilleure décision serait justement de ne pas en prendre. Patience, vous disais-je ! mot-clé en Mongolie.

Management

A dominante paternaliste, management à bride courte au début avec ses plus jeunes collaborateurs, puis délégation de responsabilité assez rapidement, avec instauration de respect et confiance mutuels garantissant la fidélité et le dévouement de ses équipes. Cela fait old school, mais ce style devrait cependant évoluer très vite avec le retour au pays des jeunes Mongols formés dans les universités étrangères (Corée et États-Unis en majorité). Changement à venir donc dans le monde professionnel tout au moins, car le nomadisme et la vie sous la yourte, eux, ont encore de beaux jours. Mongolie, terre de contrastes !

La Mongolie, l'eldorado des gens courageux

Le côté « pays neuf » ouvre la voie à toute initiative professionnelle. Pays en croissance par excellence, c’est l’eldorado des gens courageux, travailleurs et volontaires qui n’auront comme limite pour réussir que celle de leur imagination (et un peu celles de l’Administration locale tout de même, mais patience – vous connaissez le refrain).

Peuple authentique, à l’image de sa nature, très belle mais avec laquelle on ne triche pas, car elle vous impose ses lois, les Mongols cherchent à vivre en harmonie avec leur entourage. Le respect des personnes et des traditions est le meilleur gage de relations durables et de la pérennité de son activité professionnelle en Mongolie.

Ce qui n’empêche pas d’être parfois sévère. Mais si vous êtes juste, vous n’en serez que plus respecté, car le vrai « Chef » (il y a un véritable culte du chef) doit aussi savoir être dur. Manager n’en devient alors que plus subtil.

 

1 Oulan Bator s’est dotée d’une station de ski en 2009, très bien conçue par un Français, aux portes de la ville.

Le nom commun pour « désert » en mongol est « gobi », d’où le nom propre.

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